Classement 2025 des plus grandes puissances aurifères et lecture de leurs choix monétaires
En 2025, un constat s’impose derrière les discours sur la finance numérique, les monnaies digitales et les marchés dématérialisés : la solidité financière des États repose toujours sur un actif bien réel. Dans un monde secoué par l’inflation, l’instabilité des devises et des tensions géopolitiques persistantes, l’or physique conserve un rôle stratégique de premier plan.
Huit pays concentrent à eux seuls près de 75 % des réserves d’or officielles mondiales. Loin d’être un vestige du passé, ce choix traduit une volonté claire : disposer d’un actif souverain, indépendant des systèmes financiers internationaux et capable de traverser les crises sans perdre sa valeur fondamentale.
États-Unis : l’or comme socle de crédibilité du dollar
Avec plus de 8 130 tonnes d’or, les États-Unis dominent largement le classement mondial. Ce stock, inchangé depuis des décennies, constitue un pilier silencieux de la puissance monétaire américaine.
Alors que la dette fédérale atteint des sommets historiques, l’or joue un rôle de garantie psychologique et stratégique. Il ne soutient pas directement le dollar comme autrefois, mais renforce la confiance globale dans la stabilité du système américain, quelles que soient les orientations de la politique monétaire.
L’Europe, un bloc aurifère sous-estimé mais déterminant
Allemagne, Italie et France : trois poids lourds monétaires
L’Allemagne conserve sa deuxième place mondiale avec un peu plus de 3 350 tonnes, reflet d’une tradition de discipline monétaire profondément ancrée dans la culture de la Bundesbank.
L’Italie suit avec environ 2 450 tonnes, démontrant qu’un niveau élevé de dette publique n’exclut pas une gestion prudente des réserves stratégiques.
La France, avec près de 2 436 tonnes, adopte une approche stable et continue, sans arbitrages brusques, traduisant une vision de long terme assumée.
À l’échelle de la zone euro, ces réserves constituent un rempart collectif face aux déséquilibres monétaires et aux crises systémiques potentielles.
Russie : l’or comme outil de souveraineté financière
Avec près de 2 300 tonnes, la Russie a bâti l’une des réserves d’or les plus stratégiques au monde. Malgré les sanctions internationales et l’accès restreint à certains circuits financiers, ce stock est resté remarquablement stable.
L’or permet à Moscou de maintenir une capacité d’échange et de liquidité en dehors des systèmes occidentaux. Dans ce contexte, il devient un instrument de résilience économique et un levier discret d’indépendance monétaire.
Chine : une montée en puissance progressive et maîtrisée
La Chine détient désormais près de 2 280 tonnes d’or, consolidant sa place parmi les principaux acteurs mondiaux. Pékin privilégie une stratégie méthodique, sans annonces spectaculaires, mais avec des renforcements réguliers de ses réserves.
L’objectif est double : soutenir l’internationalisation du yuan et réduire la dépendance aux actifs libellés en dollars. Cette accumulation s’inscrit dans une transformation plus large de l’architecture financière chinoise, tournée vers davantage d’autonomie.
Suisse : la constance comme stratégie monétaire
Avec environ 1 040 tonnes d’or, la Suisse maintient une ligne inchangée depuis plusieurs années. Cette stabilité reflète un modèle fondé sur la prudence, la neutralité et la crédibilité du franc suisse.
Dans un environnement financier mondial instable, cette réserve renforce la réputation du pays comme valeur refuge et consolide la confiance dans sa place bancaire historique.
Inde : sécuriser l’avenir face aux chocs externes
L’Inde complète ce cercle restreint avec un stock compris entre 876 et 880 tonnes. La Banque de réserve d’Inde poursuit une politique d’accumulation progressive afin de protéger l’économie nationale des fluctuations des flux de capitaux et des devises étrangères.
Dans une économie fortement intégrée aux échanges mondiaux, l’or joue un rôle clé dans la stabilisation financière à long terme.
Ce que révèle la stratégie des banques centrales en 2025
Derrière ce classement se dessine une tendance claire : face à la fragilité croissante des monnaies fiduciaires, à l’endettement massif et aux incertitudes technologiques, les banques centrales privilégient un actif tangible, stocké physiquement et indépendant des infrastructures numériques.
L’or n’est pas recherché pour son rendement, mais pour sa capacité à préserver la souveraineté financière et à absorber les chocs systémiques. En 2025, il reste plus que jamais un pilier silencieux de l’ordre monétaire mondial.
