Chute libre pour l’or : l’inflation tarifaire relance la nervosité des marchés

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L’or trébuche, les marchés vacillent. Ce vendredi, le métal jaune a encaissé un revers brutal, plongeant brièvement à 3 015 $ l’once – son niveau le plus bas en une semaine – avant de tenter un rebond timide. En toile de fond : une déclaration percutante de Jerome Powell, président de la Fed, qui a ravivé les inquiétudes inflationnistes en évoquant l’impact potentiel des hausses de tarifs douaniers.

Powell ravive le feu de l’inflation

Lors d’une prise de parole scrutée de près par les investisseurs, Powell a mis en garde contre les effets collatéraux d’une politique protectionniste renforcée. Selon lui, les tarifs douaniers pourraient attiser une nouvelle vague d’inflation, brouillant les perspectives de baisse des taux espérées par les marchés.

Résultat immédiat : les anticipations de détente monétaire ont été recalibrées à la baisse. Les traders, qui misaient encore sur un calendrier d’assouplissement rapide, se montrent désormais plus prudents.

Liquidations forcées : l’or sacrifié pour faire face aux marges

L’impact ne s’est pas limité à un simple effet d’annonce. Selon le Financial Times, plusieurs hedge funds ont été contraints de liquider massivement leurs positions, notamment en or, pour répondre à des appels de marge d’une ampleur inédite depuis 2020. Ce phénomène a amplifié la pression vendeuse sur le métal précieux, souvent utilisé comme réserve de liquidité en période de stress.

Comme l’explique Suki Cooper, analyste chez Standard Chartered : « L’or joue souvent un rôle paradoxal. Il est à la fois valeur refuge… et monnaie d’échange quand la pression financière devient trop forte. »

Des signaux macroéconomiques qui entretiennent la volatilité

Sur le front économique, les nouvelles sont loin d’être rassurantes. Les créations d’emplois dans le secteur privé ont dépassé les attentes (228 000 en mars), ce qui renforce la probabilité d’un maintien des taux élevés. Et même si le taux de chômage est légèrement remonté à 4,2 %, cette hausse reste marginale.

Autre signal inquiétant : la courbe des taux reste inversée, signe d’un déséquilibre latent entre les anticipations à court terme et les perspectives à long terme.

Le dollar reprend le pouvoir, l’or en subit les conséquences

Dans ce climat tendu, le billet vert a regagné du terrain. L’indice DXY a bondi de 1,14 %, renforçant la pression sur l’or, dont le cours évolue souvent en miroir du dollar. Malgré une légère détente sur les rendements réels des obligations indexées à l’inflation (TIPS), le métal précieux peine à trouver un soutien durable.

Analyse technique : cap sur les 3 000 $ ?

D’un point de vue graphique, la tendance s’est clairement retournée. Le RSI reste encore au-dessus de la zone neutre, mais s’oriente à la baisse. Si l’or venait à clôturer sous les 3 000 $, cela pourrait déclencher une nouvelle vague de ventes, avec des supports techniques à surveiller autour de 2 937 $ (moyenne mobile 50 jours) et 2 900 $.

À l’inverse, un retour au-dessus des 3 100 $ permettrait de sauver la dynamique haussière à court terme – un scénario encore lointain à ce stade.

Une semaine à haute tension

Les jours à venir seront décisifs. Entre les interventions à venir des membres de la Fed, la publication des minutes du FOMC, et les chiffres de l’inflation (CPI et PPI), les marchés vont devoir digérer un flot d’informations potentiellement explosives. L’or, coincé entre chocs exogènes et arbitrages tactiques, devra se frayer un chemin dans un environnement plus incertain que jamais.

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