Alors que les tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine franchissent un nouveau palier, les métaux précieux évoluent dans des directions opposées. Mercredi, l’or s’est rapproché de son sommet historique tandis que l’argent, en revanche, peine à conserver son élan. Ce contraste reflète les incertitudes économiques mondiales et l’impact différencié des droits de douane sur la demande industrielle et les valeurs refuges.
Une escalade tarifaire sans précédent
Depuis ce matin, Washington a mis en place des taxes de 104 % sur les produits chinois, tandis que Pékin a répliqué dans la nuit en majorant ses droits de douane sur les importations américaines de 84 %. Une surenchère qui fragilise les marchés boursiers mondiaux : les places européennes et japonaises ont décroché, même si Shanghai (+1 %) et Hong Kong (+0,7 %) ont résisté grâce au soutien public des autorités chinoises qui encouragent l’investissement local via leur fonds souverain.
L’or profite du chaos économique
Dans cet environnement de tensions grandissantes et d’aversion au risque, le cours de l’or reste soutenu. Le métal jaune a atteint mercredi 3 075 dollars l’once, se rapprochant à moins de 100 dollars de son record atteint la semaine passée. La banque suisse MKS Pamp a d’ailleurs revu ses prévisions pour 2025, intégrant une « prime Trump Chaos » de 200 dollars, portant sa projection à 2 950 dollars l’once.
Deutsche Bank n’est pas en reste : ses analystes ont également rehaussé leur anticipation pour l’or en 2025 à 3 139 dollars, soit un bond de plus de 400 dollars par rapport à leur estimation précédente.
L’argent pénalisé par la guerre commerciale
Si l’or capte l’attention, l’argent souffre. Plus utilisé dans l’industrie, il est directement impacté par le ralentissement commercial et la baisse de la production manufacturière. Nicky Shiels, stratégiste chez MKS Pamp, a ainsi abaissé de 2 dollars ses prévisions pour l’argent en 2025. Le consensus prévoit toutefois un prix moyen de 32,86 dollars, en hausse de 16 % sur un an — mais loin de l’euphorie qui entoure l’or.
Le ratio or/argent, qui mesure combien d’onces d’argent sont nécessaires pour acheter une once d’or, a d’ailleurs franchi la barre des 101 — un niveau rarement atteint hors période de récession mondiale.
Conclusion : deux trajectoires qui se détachent
La dynamique des métaux précieux illustre parfaitement l’état de fébrilité des marchés face aux tensions géopolitiques et au risque de ralentissement économique mondial. Tandis que l’or reste la valeur refuge privilégiée dans la tempête, l’argent, plus exposé aux aléas industriels, pâtit des perturbations commerciales.
À moins d’un apaisement rapide des tensions entre Washington et Pékin, le métal jaune pourrait continuer de s’envoler dans les mois à venir, et confirmer sa place de valeur refuge incontestée.