Lundi, le marché de l’or a connu une séance sous haute tension. Après avoir atteint un point bas à 2 971 dollars l’once — un niveau jamais vu depuis trois semaines — le métal jaune a bondi jusqu’à frôler les 3 055 dollars, avant de retomber. Cette volatilité reflète les incertitudes multiples qui pèsent sur les marchés mondiaux : crainte de récession, tensions politiques croissantes, et politique monétaire floue.
La Chine continue d’accumuler l’or
Parmi les événements marquants, la Banque populaire de Chine a dévoilé une augmentation de ses réserves d’or pour le cinquième mois consécutif. Ce geste, symbolique et stratégique, traduit une volonté claire de se protéger face aux secousses économiques et à la détérioration du commerce mondial. Pékin semble miser sur l’or comme bouclier face à un avenir incertain.
L'escalade commerciale se poursuit
Les relations commerciales entre les grandes puissances, notamment les États-Unis et la Chine, s’enveniment à vue d’œil. Les nouvelles taxes douanières décidées par Washington, atteignant jusqu’à 54 % sur les produits chinois, ont immédiatement déclenché des représailles de Pékin avec des hausses tarifaires allant jusqu’à 34 %.
L’administration américaine reste ferme. Dimanche, le secrétaire au Commerce a confirmé que cette ligne dure resterait inchangée, tandis que le président Trump insiste sur la nécessité de réduire le déficit commercial avant toute négociation. Le climat est donc loin de se stabiliser.
Inflation et taux d’intérêt : la Fed dans une impasse
Du côté de la Réserve fédérale, Jerome Powell a signalé que l’inflation reste légèrement au-dessus de l’objectif souhaité, et que les nouveaux tarifs risquent d’aggraver la situation. La Fed redoute une spirale inflationniste qui limiterait sa marge de manœuvre sur les taux.
Malgré des chiffres de l’emploi meilleurs qu’attendus en mars (228 000 créations de postes), le dollar reste sous pression. Les marchés anticipent désormais jusqu’à quatre baisses de taux d’ici la fin de l’année, ce qui affaiblit la devise américaine et, en théorie, devrait renforcer l’attrait de l’or. Pourtant, l’élan haussier de lundi n’a pas tenu, preuve d’un marché encore hésitant.
Un équilibre fragile sur le plan technique
D’un point de vue technique, le repli de la semaine passée a trouvé un appui sur le niveau de retracement de Fibonacci à 61,8 % (lié à la progression observée entre février et avril). Le seuil des 3 055 dollars, ancien support devenu résistance, bloque actuellement toute tentative de reprise.
S’il venait à être franchi, les analystes pourraient viser les 3 080 dollars, voire 3 100 dollars à court terme. À l’inverse, une rechute sous les 2 971 dollars ouvrirait la voie vers les 2 946 dollars, niveau de la moyenne mobile sur 50 jours, puis potentiellement vers les 2 930 voire 2 900 dollars.
L’or avance prudemment dans une zone grise
En résumé, le marché de l’or semble en pleine phase d’observation. Les investisseurs long terme ne lâchent pas le métal jaune, mais réduisent leurs positions pour dégager des liquidités, en attendant des signaux clairs sur l’évolution des taux d’intérêt ou des tensions commerciales.
Dans cet environnement tendu et imprévisible, l’or conserve son statut de valeur refuge — mais il évolue sur une ligne de crête, entre espoirs de reprise et risques de repli.